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M. de Maurepas mourut le 21 novembre, un mois après la naissance de M. le dauphin. Le roi parut très-affecté de cette perte. Quelle que fût l’indifférence et la légèreté de ce guide, l’habitude l’avait rendu nécessaire. Le roi s’interdit, au moment de sa mort, plusieurs plaisirs tels que la chasse et un dîner à Brunoy, chez Monsieur. Il visita plusieurs fois le malade, et donna des marques d’une véritable sensibilité. M. de Vergennes, sans hériter du titre de premier ministre, remplaça en entier M. de Maurepas auprès du roi[1]. Les historiens politiques prononceront sur les talens et sur les fautes que M. de Vergennes a pu commettre. Mais le simple jugement m’a fait apprécier en lui le mérite d’avoir su dérober la faiblesse du caractère de son maître aux yeux de l’Europe entière. On ne peut nier qu’il fut pour Louis XVI, tant qu’il vécut, comme un manteau respectable dont, à la mort de ce ministre, le roi parut à l’instant dépouillé[2].

  1. Voyez dans les pièces, lettre (M), quelques particularités historiques sur les moyens qu’avait employés M. de Maurepas pour se maintenir au ministère, et rendre M. le duc de Choiseul de plus en plus odieux à Louis XVI.
    (Note de l’édit.)
  2. « Les formes de ce ministre, dit Rhulières dans une notice sur M. de Vergennes, n’étaient ni aimables, ni soignées, mais