Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 3.djvu/94

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léans, au sujet de cette dame. Le jour des révérences pour les couches, à la naissance du dauphin, la duchesse d’Orléans s’approcha de la chaise longue de la reine, pour excuser madame de Genlis de ne point paraître dans une occasion où toute la cour était empressée de féliciter Sa Majesté sur la naissance d’un héritier : une indisposition l’en avait empêchée. La reine répondit que la duchesse de Chartres se ferait excuser dans une circonstance semblable ; que la célébrité de madame de Genlis aurait pu, à la vérité, faire remarquer son absence ; mais qu’elle n’était pas de rang à s’en faire excuser. Cette démarche de la princesse, subjuguée par l’esprit de la gouvernante de ses enfans, prouve au moins qu’à cette époque elle ambitionnait encore les regards et la bienveillance de la reine, et, à partir de ce moment, les réflexions peu indulgentes sur les habitudes et les goûts de la souveraine, et les critiques piquantes sur les productions et la conduite de la femme auteur, s’échangeaient sans interruption entre Marie-Antoinette et madame de Genlis. Au moins suis-je sûre que l’on ne manquait pas d’apporter à la reine les épigrammes et les chansons qui paraissaient contre la gouvernante des enfans du duc d’Orléans ; et il est très-probable que la malice des courtisans faisait arriver au Palais-Royal, avec la même rapidité, tout ce qui pouvait avoir été dit dans l’appartement de la reine contre madame de Genlis.