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Page:Candeille - Catherine ou la belle fermiere - 1793 Maradan.djvu/15

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Henry

Triste ? Eh elle ne fait que rire et chanter quand on la voit.

Fanchette

Oui ; mais on ne la voit pas souvent, non plus ; et à la ferme, où, Dieu merci, personne que nous autres ne pouvons approcher sans sa permission, quand elle a fait toutes ses petites affaires, qu’elle peut être b’en seule, b’en renfermée, c’est là qu’il faut la voir. Elle a dans un petit cabinet ous qu’elle se tient toujours, un tas de papiers qu’elle barbouille ; une grande machine de bois avec des cordes, qu’elle s’en va pinçant comme çà. — Elle chante doucement, elle pleure ; et puis, quand elle revient jaser avec nous, ce n’est que pour nous dire un mal des hommes… un mal !… Elle les déteste. Elle voudrait b’en me les faire détester aussi, moi ; mais je n’savons pourquoi je n’nous sentons pas du tout d’disposition pour ça.

Henry

Vous faites bien, mam’zelle Fanchette. Rien de meilleur que nous dans le monde… après les femmes, s’entend. Mais si madame Catherine est aussi bonne que vous le dites, elle ne saurait refuser de vous laisser établir avantageusement ; et voici comment je m’y prendrai. J’irai lui dire : Madame, j’ai de la jeunesse, un bon cœur et de bons bras ; je possède trois cent quarante livres ; je vous demande, mam’zelle Fanchette, et vous promets, en revanche, de vous donner, sous quatre ans, une paire de jolis petits valets de basse-cour, qui vous aimeront et vous serviront à qui mieux mieux. Elle n’y tiendra pas, j’en suis sûr,