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Page:Candeille - Catherine ou la belle fermiere - 1793 Maradan.djvu/14

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Lussan, qui a déjà de l’amiquié pour moi, par une raison que je vous dirai, prendrait aussi de l’amiquié pour vous, et qu’ainsi il se pourrait qu’un jour…

Henry, vivement.

Il se pourrait qu’un jour cette jolie menotte que je serre de si bon cœur, appartiendrait à ma femme ! — Ô mam’zelle Fanchette !… ô quel bonheur !… quel plaisir, mon Dieu ! (Il baise sa main.)

Fanchette, émue et retirant sa main.

Finissez, M. Henry, je ne donnons rien d’avance.

Henry, gaiement.

Eh bien, fixez le jour du remboursement, et je laisserai volontiers amasser les arrérages.

Fanchette

Fixer le jour !… et, comme il y va donc, M. Henry ! fixer le jour !… Est-ce que ça dépend de moi, donc ? Est-ce que vous ne savez pas que madame Catherine, qui est la plus belle fermière de ce canton, m’a recueillie, il n’y a pas b’en longtems, moi, pauvre orpheline, et m’a fait tout le peu que je sommes ? est-ce que j’pouvons nous marier sans son consentement ? est-ce qu’elle nous le donnera ? Ah, ouiche ! fiez-vous-y !

Henry

Et pourquoi pas ?

Fanchette

Est-ce que je savons pourquoi ? C’est une si drôle de femme ! bonne, ah ! bonne !… il n’y a pas de pauvre dans le village qui ne lui doive une bénédiction ; mais triste, cachée, défiante…