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Page:Candeille - Catherine ou la belle fermiere - 1793 Maradan.djvu/20

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Fanchette.

Et si on nous surprenait ?

Lussan.

Non, non… — Dis-moi donc, bonne petite Fanchette, dis-moi, t’apperçois-tu que mes soins commencent à produire quelqu’effet sur le cœur de Catherine ?

Fanchette.

Dame, Monsieur, on n’se connait guère à ça que pour soi-même, voyais-vous. Stapendant, j’voyons b’en qu’elle a pour vous d’la bien bonne amiquié. Elle s’en va b’en souvent s’disant à elle-même : « Ce pauvre Charles ! ce serait b’en dommage qu’y s’marie ; c’est un si honnête homme !… il ne l’serait b’entôt plus. ».

Lussan.

Quelle idée ! quel monstre a pu la lui donner ? qui est-elle ? d’où vient-elle ? où est sa famille ? comment, personne ici ne sait qui elle est ?

Fanchette.

Perſonne. Quand elle vint s’établir dans l’village, elle n’avait avec elle qu’une vieille, vieille femme qu’eſt morte quinze jours après… il y a d’çà… b’entôt deux ans. Madame la Marquise était mécontente d’son fermier, Catherine demanda la ferme. Madame ne voulait pas l’y confier, n’la connaissant pas ; à la fin, elle se décida, et elle en est b’en contente à présent, parce qu’on dit que Catherine lui en donne six cents livres de plus par année.

Lussan.

Ah, Fanchette !