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Page:Candeille - Catherine ou la belle fermiere - 1793 Maradan.djvu/72

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pôle à l’autre, me rend le jouet de tous les événemens connus, me permet à la fin de réaliser une somme de deux ou trois misérables millions, qui m’ont coûté plus de peines à amasser !… J’arrive en France, je cours à Paris, dans l’espérance d’y retrouver un fils que j’avais peut-être abandonné un peu trop durement… je cherche… je m’informe… Bah ! il est mort ; sa veuve est au diable ; et me voilà, moi, le bec dans l’eau, ne sachant que faire de ma fortune. Je me rappelle pourtant, un beau jour, que j’ai, au fond du Berry, une sœur et une nièce qui meurent de faim au sein de l’héritage de leurs ancêtres… J’accours partager avec elles le fruit de mes travaux roturiers ; et peu s’en faut qu’un maudit postillon, que le Ciel confonde, ne me casse une jambe à leur porte. (Ici, Catherine et Fanchette rentrent.) — Bien obligé, Mesdames. (Il boit.) Ah ! Il est bon ce vin. (Il rend son verre.) Je vous remercie.

Catherine.

Comment vous sentez-vous, à présent, Monsieur ?

Boniface.

Mieux, beaucoup mieux : ce verre de vin m’a fait grand plaisir ; je mourais de soif.

Catherine.

Vous le trouvez donc passable ?

Boniface.

Excellent, d’honneur.

Catherine, lui reversant à boire.

Eh bien, buvez-en encore un coup ; cela ne peut pas vous faire de mal.