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Page:Canora - Poèmes, 1905.djvu/171

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la lente épreuve

 
Compagne de mon rêve ! ô sœur, ô bien-aimée,
Incline encor vers moi tes boucles embaumées
Et ton front, et tes yeux !
Je ne baiserai plus ta bouche… mais je veux
Garder leur lueur tendre en mes yeux abîmée…

Tes grands yeux noirs profonds, source de mon émoi,
C’est en eux que je lus pour la première fois
La beauté de la vie,
Par eux que je compris cette simple harmonie
Qui préside au retour des travaux et des mois…

Et s’ils m’ont fait pleurer souvent… je leur pardonne,
Les ayant vus pleurer, lorsque le pâle automne
Venait jeter encor
Ses chrysanthèmes lourds, mêlés de feuilles d’or,
Sur un an de jeunesse, ainsi qu’une couronne…

Et cependant qu’avec de longs frémissements,
La nuit aux voiles noirs semés de diamants
Ouvre ses larges ailes,
Je crois sentir ce soir une ivresse nouvelle
Qui s’éveille en mon cœur et grandit lentement…