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Page:Canora - Poèmes, 1905.djvu/204

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vers l’humanité

 

Ainsi tu renaîtras comme au temps des légendes,
Femme ! tes seins seront les fleurs pâles des landes,
Tes yeux clairs brilleront dans le cristal des eaux,
Ton souffle ira, baisant la cime des roseaux
Ou la nuit, feu follet, errera par les combes
Sur les étangs herbeux, les ruisseaux et les tombes.
Ta sève nourrira, sous les tendres gazons,
Le laurier qui fleurit au seuil de ta maison,
La brise gardera ta voix, plaintive et douce,
Et tes souples cheveux épaissiront la mousse
Où ceux dont tu soutiens l’espérance, et la foi
Viendront s’agenouiller, le cœur rempli de toi,
De ton cher souvenir, qui lentement s’épure
Quand ton corps évolue au soin de la nature.
Tu resteras en eux, telle qu’aux plus beaux jours,
Inspirant leur pensée, exaltant leur amour
Avec des mots très doux apaisant leur colère,
Devisant auprès d’eux, comme tu fis naguère,
Bon ange familier — dont parfois ils croiront
Sentir les doigts légers se poser sur leur front.
Puis les temps passeront, et les lèvres amies
Se tairont tour à tour ; mais tu seras bénie
Parmi ces bienfaiteurs, inconnus des vivants,
Dont le nom chaque jour brille au soleil levant,
Gravé sur le parvis des vastes sanctuaires.
L’un bâtit une ville, et l’autre fut bon frère,
Tous deux furent vaillants. Leur effort vénéré