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Page:Canora - Poèmes, 1905.djvu/203

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vers l’humanité

 

Un homme naît, s’agite et passe,
Sans qu’un frisson trouble l’espace
Quand la mort unit sa chair lasse
Avec les airs, le sol, les eaux,
Car, des cellules qu’elle mêle,
Vont surgir des formes nouvelles
Et des êtres jeunes et beaux.

Ainsi le doux Ovide chante
Qu’un soir Halcyone expirante
Étreignait, dans l’onde mouvante
Ceix… le cœur lourd de sanglots,
Quand soudain, les amants fidèles,
Emportés par de larges ailes,
S’envolèrent au ras des flots…

Ainsi Vénus sauveuse et bonne
Créa la tige qui frissonne
Des printanières anénomes,
Du corps palpitant d’Adonis ;
Et du sang pourpre d’Hyacinthe
Apollon fit une fleur sainte
Plus enivrante que le lys.

(La harpe cesse.)