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CONSOLATION

À la mémoire de Paul Vast.


 
Quand il s’est endormi du suprême sommeil
Sous un voile odorant de roses automnales,
Quand nos derniers baisers pressèrent son front pâle
Et ses pauvres yeux froids, jadis pleins de soleil,
Quand nous l’avons conduit à la fosse béante
Qui l’engloutit, avec les rameaux et les fleurs,
Quand votre âme sombrait, au flot brûlant des pleurs,
Quand la plainte d’adieu résonnait, déchirante,
Oh ! je n’ai point parlé ! Courbant devant le sort
Mon front triste, chargé de funèbres pensées,
J’ai retenu l’élan des strophes cadencées
Car le silence auguste est seul digne des morts !
Mais puisque depuis lors, effleurant de leur aile
La tombe de l’aimé, les fuyantes saisons
L’ont ceinte tour à tour de neige et de gazon,