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strophes et chansons

Puisqu’il sied d’apporter des couronnes nouvelles,
Je veux chanter pour lui que nous avons aimé
Tout ce que mon cœur triste a de douce tendresse,
Et je veux que ce chant soit tel qu’une caresse
Du vent d’Automne aux fleurs des tombeaux embaumés !

Ô cher disparu, ta voix mâle et claire,
Dans l’air matinal baigné de lumière,
Ne montera plus ainsi qu’autrefois
Ardente de foi !

Un tombeau de marbre inflexible presse
Ton corps souple et beau, fleur de ta jeunesse,
Ta bouche au doux rire, et ton front penseur,
Et ton jeune cœur !

Mais quand nous fermons nos yeux lourds de larmes
Pour mieux lire en nous, du fond de nos âmes,
Tu surgis, soudain, plus pur et plus fort,
Grandi par la mort.

Ta forme est lumineuse et ta main largo et bonne
Enseigne à notre main le geste qui pardonne.
Ta tendresse discrète à toute heure nous suit !
Tu chantes dans la brise et glisses dans la nuit,