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Page:Canora - Poèmes, 1905.djvu/24

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consolation

Et quand, las d’avoir vu les démences humaines,
L’égoïsme brutal, et la stérile haine
Délier les penseurs et salir les héros,
Nous doutons si l’esprit sortira du chaos,
Comme d’un fumier vil un lys frêle s’élance,
Alors ta voix résonne et fête la Science
Dont l’amour allumait des flammes dans tes yeux…
Tu la voulais, ami, tu redressais la tête
À l’espoir de sa lente et superbe conquête.
Oh ! savoir apaiser les hurlantes douleurs,
Rendre au corps épuisé la sève et la vigueur,
Mettre le frêle enfant aux bras tremblants des mères,
Puis par delà les maux des êtres éphémères
S’élever chaque jour, à la grave clarté
Des immuables lois, jusqu’à la vérité,
Hanté par la suprême et généreuse envie
D’arracher à la mort le secret de la Vie.

Ce ne fut que ton rêve, hélas, mais il fut beau.
Il s’élance vers nous de l’ombre du tombeau,
Comme en avril, un vol de colombes rapides
Fendant le ciel, au loin, de ses ailes candides,
Monte à l’horizon noir des lugubres forêts.
Paul, notre ami, des pleurs et des mornes regrets
Te conviennent bien moins que la seule promesse
De conserver en nous l’âme de ta jeunesse.