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Page:Canora - Poèmes, 1905.djvu/83

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strophes et chansons

 
Je comprends qu’en voyant se faner toute chose
Et s’effeuiller le cœur de la dernière rose
On sente s’éveiller comme un vague désir
D’avoir aimé, du moins, puisqu’il faudra mourir…

Mais au soleil levant s’envolent les nuages.
On s’éveille. On s’étonne, et l’on redevient sage
Une harpe qui vibre… On rêve au bal joyeux
À ce prochain concert qui sera merveilleux !
Est-il plus doux plaisir et plus exquise joie
Que d’entendre Wagner en corsage de soie
Et, lorsque vibre encor le cuivre « surhumain »
De montrer son ivresse, et ses petites mains ?

Vraiment le plaisir naît comme on ne saurait dire !
Un caprice exaucé fait éclore un sourire,
C’est le pli d’une soie ou l’éclair d’un bijou,
C’est un oiseau captif qui chante comme un fou,
Une frêle orchidée aux corolles frileuses…
Et votre regard brille, et vous êtes heureuse !…
Passe un nuage sombre, un spectre décevant,
Vous inclinez la tête et parlez de couvent !