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Page:Canora - Poèmes, 1905.djvu/84

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à propos de couvent

 

Or ce mot est bien lourd ma sensitive amie,
Ce grand mot de couvent que vous jetez ainsi !
Des couvents j’en ai vu beaucoup, non loin d’ici,
À Bruges, quand j’errais par la ville endormie,
À l’heure où les enfants, et vous, dormiez aussi.

Combien de fois longeant les demeures gothiques
Aux murs silencieux sous le ciel étoile,
J’interrogeai ces eaux, ces tourelles de brique,
Ces grilles de fer noir et ces sombres portiques
Sur qui planait la croix où le Christ a râlé !

Au cloître point de nuit, point de jour : la prière.
Qu’un blanc rayon de lune argente les vitraux
Ou que le soleil d’or y brise sa lumière,
Des femmes à genoux gisent sur les carreaux
L’âme proche du ciel et le corps sur la pierre.

Il en est, je le sais, qui possèdent la foi
Heureuses d’avoir vu le Seigneur leur sourire ;
Qui laissent s’échapper de leurs lèvres de cire
Les mêmes mots, toujours, sans demander… « pourquoi ? »
Qui ne regrettent rien, et souffrent sans maudire.