Page:Caouette - Le vieux muet ou un Héros de Châteauguay, 1901.djvu/121

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le bois-Panet. Il lui expliqua le but de son voyage, à Montréal, et lui en fit connaître l’heureux résultat. Puis il conclut : voilà pourquoi …

« Votre fille est muette ! » lui crièrent en riant deux jeunes gens ivres qui passaient, bras, dessus, bras dessous.

Le père François dévisagea les deux compères et tressaillit en reconnaissant, dans l’un des deux, Victor, le clerc notaire… Le vieux serviteur courba la tête et resta rêveur.

— Qu’est-ce que vous alliez dire, père François, lui demanda Philippe, quand ces deux polissons vous ont coupé le sifflet ?

— Ah ! j’allais dire… j’allais dire : voilà pourquoi je suis si… joyeux aujourd’hui !

— Oui, vous étiez joyeux tantôt, mais pas à présent, père François… « Votre fille est muette, » ont-ils dit… Allez-vous vous offenser de cette folle remarque ? Je ne connais pas ces jeunes gens par leurs noms, mais je les connais bien de vue, et je sais que le plus petit des deux est apprenti notaire chez M. Archambault. C’est un dépensier et une fine canaille que ce gaillard-là !

Le père François avait perdu sa belle humeur et ne répondait que par un triste sourire aux plaisanteries intarissables de Philippe.

À la fin, le cocher cessa de lui parler et se dit en lui-même : « C’est peut-être vrai que sa