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— N’ayez pas peur, M. Normandeau, je suis un honnête garçon, et Melle  Jacqueline est une fille qui sait tenir sa place…

— Va ! Philippe, ajouta M. Normandeau ; je paierai le violon le jour de tes noces !

— Avez-vous compris ces paroles, père François : « Je paierai le violon le jour de tes noces ! » Dans la bouche de M. Normandeau, ces paroles veulent dire : » C’est moi qui paierai toutes les dépenses… »

— Sais-tu bien que tu as de l’esprit, Philippe ? dit en riant le père François.

— En voilà une demande ! beau dommage que je le sais ! C’est vrai que, l’autre jour, s’étant fâché contre moi, M. Normandeau m’a dit : « Mon pauvre Philippe ! je vois bien que tu n’as pas inventé les manches de pelle ni les poignées de portes ! »

Mais je lui ai répondu : « Ce n’est pas de ma faute, M. Normandeau, car quand je suis venu au monde, les manches de pelle et les poignées de porte étaient déjà inventés ! »

— C’est pas bête, cela, m’a dit M. Normandeau, en me tapant sur l’épaule. Si tu n’as pas inventé les manches de pelle ni les poignées de porte, je crois, par exemple, que tu as inventé la belle humeur !

— Pour ça, M. Normandeau, c’est possible ! mais c’est une invention qui ne m’a pas encore enrichi !