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— Merci ! lui dis-je ; j’en parlerai à M. Normandeau.

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, père François, j’ai pour habitude de remettre rarement à demain ce que je peux faire aujourd’hui. Or, ce même jour, j’allai trouver M. Normandeau dans son cabinet d’étude. Il se promenait les mains derrière le dos, et semblait penser à ses bêtes…

— Que veux-tu, Philippe ? me demanda-t-il, en s’arrêtant.

— Ça vous déplairait-il, M. Normandeau, si je courtisais Melle Jacqueline, votre cuisinière, pour la marier à Pâques ?

Oh ! père François, le bourgeois était de bonne humeur ce jour-là, car je ne l’avais jamais encore entendu rire de si bon cœur… Il se jeta dans son fauteuil, et se tint les côtes cinq minutes de temps… Et moi je riais rien que de le voir rire ! La bonne humeur de mon bourgeois me donna de la hardiesse, et je repris : « J’ai parlé de l’affaire à Melle Jacqueline, et elle a accepté ma demande en mariage ; mais comme je ne voudrais pas la fréquenter sans votre permission, c’est pour ça que je vous en parle. »

M. Normandeau devint sérieux et me dit :

— C’est bien ! Philippe, je t’accorde cette permission ; mais si je m’aperçois que tu abuses de ma tolérance, je te flanquerai à la porte !