Mais hier, il a passé une assez bonne journée, et dans la soirée le Dr Chapais paraissait très confiant. Je vous ai dit, François, que M. le curé était parfaitement remis, mais je suis sûre que, au moral, il souffre le martyre. Hier soir, je l’ai entendu dire au médecin : « Je vous recommande de ne rien épargner, et je vous supplie même de faire l’impossible pour sauver Jean-Charles. » Puis, les yeux pleins de larmes, il ajouta : « Si ce jeune homme venait à mourir, je ne pourrais jamais me consoler d’avoir été la cause de sa mort. »
— La mère et les sœurs de Jean-Charles, interrogea François, comment ont-elles pris ce malheur ?
— Oh ! en courageuses et saintes femmes qu’elles sont ! C’est M. Lormier, père, qui leur a annoncé la triste nouvelle. Il leur a répété, mot pour mot, les consolations que M. le curé lui avait dictées. D’abord, il leur a certifié que Jean-Charles n’était pas en danger, et leur a fait comprendre que Dieu avait permis ce malheur pour empêcher leur fils de retourner sur le champ de bataille, où il aurait été probablement victime de son héroïsme. En un mot, il leur a fait accepter ce malheur comme une chose inévitable et qui devait tourner à l’avantage de la famille et à la gloire de Dieu.