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pas dans sa lettre, c’est le prix qu’il m’a payé pour avoir les trois peaux.

— Comment ! dit le curé, est-ce que M. Normandeau vous a payé ces peaux ?

— Certainement, M. le curé ! et je vous prie de croire que je n’avais pas l’intention non plus de les lui donner. Je savais que M. Lormier était trop sérieusement blessé pour pouvoir aller à la guerre, et que, par ce fait, il perdait l’occasion de réaliser une centaine de piastres. Je pensais aussi que sa maladie allait être pour vous, pour lui et pour sa famille une cause de grandes dépenses ; et, alors, pardonnez-moi-le, j’ai voulu en quelque sorte arracher à ces trois animaux la réparation des torts qu’ils vous avaient causés, et j’ai vendu leurs peaux !

— Non seulement je vous pardonne, dit le curé, en plaisantant, mais j’admire votre talent pour le commerce… Vous avez, je suppose, obtenu une trentaine de dollars pour ces peaux ?

François tira de la poche de son veston les quatre cents dollars qu’il déposa sur la table en disant : « Voici le produit des trois peaux ! »

— Quatre cents dollars ! s’écrièrent à la fois le curé et Jean-Charles !

— Oui ! M. Normandeau m’a dit que ces peaux avaient à ses yeux une valeur inestimable. Mais ce n’est pas tout. M. Normandeau m’a donné cent dollars, et comme je ne voulais