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— Non, certes ! Je suis trop modeste, vois-tu, pour me mettre ainsi en évidence ! Et d’ailleurs, je t’avouerai que je crains et les constables et leurs services : Timeo danaos et dona ferentes… Je préfère diriger moi-même mon enquête, et je compte sur ton précieux concours pour la mener à bonne fin.

— Tu peux y compter, mon cher ami ; nous aviserons.

Quelques instants après le départ du Dr Lamouche, Victor reçut une lettre du curé de Sainte-R…

La lecture de cette épître agaça ses nerfs et lui mit la rage au cœur. Dans son mouvement de colère, il froissa le papier, et il allait le déchirer, lorsqu’il parut se raviser. Il ferma les yeux et réfléchit longtemps. Puis, devenu plus calme, il relut la lettre une seconde fois, et murmura : « Ce calotin ! qui se permet de me donner des conseils ! J’ai bonne envie de lui répondre de se mêler de ses affaires ! Mais, pourtant, si je veux atteindre le but que j’ai en vue, j’ai besoin de ne pas perdre la confiance de mon curé. Je dois, au contraire, convaincre ce petit saint que je mérite son estime. Et quand j’aurai réalisé le rêve qui m’apportera la fortune, je me moquerai pas mal de l’estime du curé Faguy et de l’argent de Jean-Charles… Il me faut donc bien réfléchir avant de lui répondre.