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Le lecteur saura, plus tard, pourquoi le clerc notaire tenait tant à mériter la confiance de son curé, et pourquoi aussi il désirait obtenir le titre de notaire.

Le curé, pensa Victor, doit tenir ses renseignements du pseudo-fantôme, puisqu’il parle de mes fréquentes visites au « Saumon d’or » et de l’argent de Jean-Charles que j’y ai dépensé.

Je vois que j’ai une forte partie à jouer, si je veux ménager le diable et le curé… La partie est d’autant plus forte et difficile que j’ai à combattre, ici, des ennemis invisibles. Si encore je connaissais ce vengeur de la morale qui simule le fantôme, je pourrais peut-être lui tailler des croupières ; mais… je ne le connais pas, l’animal !

N’importe ! chaque chose viendra en son temps ; et l’essentiel, pour le présent, c’est d’amadouer l’abbé Faguy. Je m’occuperai du fantôme une autre fois !

Il s’assit confortablement dans son lit, plaça un carton sur ses genoux, prit une plume et écrivit ce qui suit :


« Vénérable et cher monsieur,

« J’ai l’honneur d’accuser la réception de votre lettre du 7 du courant ; et, en réponse, de vous dire que sa lecture m’a causé autant de surprise que de chagrin. Oui, je suis surpris qu’on m’accuse de mener, à Montréal, une vie de Sardanapale, quand, en réalité, je