Page:Caouette - Le vieux muet ou un Héros de Châteauguay, 1901.djvu/170

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 163 —

« Pendant que je graissais mon archet — je veux dire mon fouet — pour faire danser encore le muscadin, j’ai vu venir un homme avec des boutons jaunes sur le ventre, et je me suis caché pour voir ce qui allait se passer. Le nouveau venu était un constable que je connais bien. Il a été obligé de relever notre danseur, qui était hors d’haleine, et d’aller le reconduire chez lui, car il ne pouvait plus se porter sur les béquilles, et il geignait à faire pleurer les cailloux !

« À propos, je sais où niche l’oiseau et j’irai rôder autour de son nid, de temps à autre. Mais je pense qu’il ne sortira pas d’ici à quelques jours…

« C’est toujours autant de pris contre le diable et peut-être pour le bon Dieu… car qui sait si les nœuds de mon fouet n’auraient pas, par hasard, touché en passant le cœur du muscadin…

« Je vous écrirai encore quand j’aurai des nouvelles fraîches.

« J’ai retrouvé Jacqueline plus joyeuse et plus aimable que jamais. J’ai bien hâte que Pâques arrive ! Je m’aperçois, à cette heure, que j’ai fait une sottise en fixant mon mariage à une date aussi éloignée…

« Si c’était à recomm… mais c’est fait, n’en parlons plus !

« Je suis pour la vie votre ami fidèle. »

Philippe.