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« Avant de me mettre à la besogne, je m’étais dit : « Ce gaillard-là a péché par les pieds et par les jambes surtout en courant la prétantaine, eh bien, tonnerre ! c’est par les jambes qu’il faut le punir ! Et, encore une fois, j’ai tapé au meilleur de ma connaissance et de ma conscience…

« N’allez pas vous imaginer que je me servirai encore de ce fouet-là pour mes chevaux. Non, non ! c’est un fouet historiche (je ne sais pas au juste comment les gens instruits écrivent ce mot) mais ce que je veux dire, c’est que ce fouet a une histoire, et je ne le donnerais pas pour tout l’or du monde… Il m’appartient ce fouet-là, savez-vous ? Non, peut-être ? Eh bien, voici comment j’en suis devenu le maître. J’ai été voir M. Normandeau, l’autre jour, et je lui ai dit : Je viens vous demander une faveur, M. Normandeau. »

« — Tiens ! tu vas sans doute me parler de Jacqueline ?

« — Non, monsieur, pas de Jacqueline, à cette heure, mais de votre grand fouet à manche rouge.

« — Quoi ! déjà ? s’est écrié M. Normandeau ; pauvre Jacqueline, je la plains…

« — Mais, monsieur, ce n’est pas pour fouetter ma petite Jacqueline que je veux avoir ce fouet, c’est pour le garder comme un souvenir de… de vous.