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« — Oh ! je comprends, comme un cadeau de noce ?

« — Non, monsieur, pas à présent, puisque les noces n’auront lieu qu’à Pâques… malheureusement !

« — C’est bon, mon drôle, garde-le ! a dit M. Normandeau en riant.

« Il rit toujours. M. Normandeau, quand je lui parle ; quelle belle humeur il a, cet homme-là !

« Puis, je le garde, ce fouet, avec autant de soin qu’un avare garde un trésor. Sa vue me fait du bien au cœur…

« Je l’ai accroché dans une armoire vitrée qui ferme avec une clef. Souvent je me place devant cette armoire, et, en fumant la pipe, je regarde longtemps le fouet qui me dit toutes sortes de choses. Je n’aurais jamais cru qu’un fouet, pouvait tant jaser…

« Il me disait que celui qui l’a fabriqué serait bien surpris d’apprendre que le bon Dieu m’a inspiré l’idée de m’en servir (pas du fabricant, du fouet) pour chasser le démon que le muscadin avait dans les jambes, et ailleurs itou, j’imagine… car cet animal-là, quand on le laisse faire, il se fourre partout !…

« Le fouet me disait que le muscadin en avait une telle peur, qu’il n’osait plus sortir, le soir, pour aller voir les filles ! (c’est pas dommage !)