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Maintenant que la bourrasque a rentré ses fureurs, le canotier sent ses forces revenir, et le canot obéit aux vigoureuses poussées qu’il lui donne en frappant l’onde de ses rames.

Enfin, il touche au rivage, et la foule se lève en poussant des acclamations délirantes !

Mais à ces acclamations se mêlent tout à coup des cris déchirants. Une femme fend la foule et se jette sur le corps inanimé de Verret, que le vieux muet a étendu sur le sable de la grève.

Mon enfant ! mon enfant ! s’écrie-t-elle, en baignant de larmes la figure du jeune homme…

Notre héros fait signe à la mère de se calmer, puis, se penchant sur le corps du malheureux, il se met à pratiquer sur lui la respiration artificielle.

Pendant qu’il opère ainsi, la mère ne cesse de crier : « Sauvez mon enfant, mon Dieu ! sauvez mon enfant ! »

Et le vieillard, impassible, continue sa nouvelle tâche avec un dévouement admirable.

Soudain, il tressaille de joie en voyant la poitrine du jeune homme se soulever, et en entendant un faible soupir s’exhaler de ses lèvres.

— Il vit ! il est sauvé ! s’écrie la mère avec transport.