Page:Caouette - Le vieux muet ou un Héros de Châteauguay, 1901.djvu/341

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 334 —

Il fit sa prière, et, selon la pieuse habitude de toute sa vie, récita le chapelet ; puis, s’étendant sur le foin parfumé, il s’endormit profondément.

Le lendemain matin, à trois heures, l’intrépide faucheur était debout, frais et dispos. Il alla d’abord faire une marche sur la grève d’une jolie petite rivière qui traversait les terres du père Kelly. Puis, à quatre heures, armé de la faulx, il reprenait sa besogne aux champs.

C’est le travail qu’il fallait à cette nature pleine de sève ; et depuis qu’il avait repris l’ouvrage, il sentait ses forces se décupler et le calme revenir dans son esprit.

Le vieux fermier était matinal, mais il ne se rendait jamais aux champs avec ses garçons avant cinq heures ; aussi fut-il surpris d’entendre, vers quatre heures, le rythme cadencé de la faulx. Il courut à la croisée et vit le géant à l’ouvrage.

Déjà à l’œuvre ! pensa-t-il. Oh ! oui, ma bonne femme — qui est une physionomiste — avait bien raison de dire que ce colosse serait pour moi un homme précieux. Mais j’hésite à le prendre à mon service, car il me semble qu’il va me demander des gages trop élevés pour mes moyens…

Quel homme !