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et tant que vous l’occuperez, il me semble que vous raviverez sans cesse les souffrances que vous y avez endurées. Allons, mon ami, suivez-nous !

— Mais mon pauvre vieux chien ne consentira pas à se séparer de moi, croyez-le !

— Amenez-le ! vous le mettrez dans la cave du presbytère, au-dessous de la chambre que vous occuperez.

— Que vont dire vos paroissiens, mon révérend père, en voyant le « Vieux muet », comme ils m’appellent, habiter votre presbytère et surtout en l’entendant parler ? Ils auront de moi une mauvaise opinion, et ne manqueront pas de dire que j’ai voulu les mystifier…

— Tout le monde, à Saint-Sauveur, connaît les relations amicales qui existent entre nous deux et nul ne sera surpris de vous voir passer quelques jours au presbytère. Puis, si le cœur vous en dit, vous continuerez à rester muet pour tous, excepté pour M. l’abbé Faguy et pour moi !

Jean-Charles ne trouva plus rien à répondre, et, suivi de son fidèle terre-neuve, il partit avec ses nobles visiteurs.

Trois jours plus tard, après avoir distribué aux pauvres le peu qu’il possédait, il quitta, le cœur ému, cette brave population de Saint-sauveur, qu’il avait appris à aimer et dont il