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lui attirent la bienveillance des auditeurs. D’une voix forte et vibrante, il dit :

« Messieurs,

« Je viens remplir auprès de vous une mission qui m’a été confiée par son excellence le gouverneur-général.

« Permettez-moi de vous dire, d’abord, que notre pays est menacé d’une nouvelle invasion. En effet, nos voisins se préparent à franchir la frontière pour venir planter le drapeau étoilé sur le sol canadien.

« Ils savent que ce sont les Canadiens-français qui les ont repoussés en 1775. Et parce que la France est aujourd’hui en guerre avec l’Angleterre, les Américains croient que nos compatriotes les aideront à conquérir le Canada. Mais ils se font illusion ; la voix de la loyauté doit parler plus haut dans nos cœurs que la voix du sang qui coule dans nos veines.

« Notre devoir est de prouver à ces ambitieux que leur espérance constitue une insulte pour nous, puisque c’est à la faveur de notre trahison qu’ils veulent réaliser leur rêve… Nous sommes Français, c’est vrai, mais nous ne sommes pas des traîtres !

« Faisons donc comprendre à ces gens que nous sommes avant tout Canadiens, c’est-à-dire loyaux à l’autorité établie ici, et loyaux au drapeau qui abrite et protège nos destinées !