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Ah ! depuis quelques mois, Victor avait baissé dans l’esprit de son père et de sa mère ! Ils se reprochaient d’avoir eu pour lui trop d’indulgence et pour Jean-Charles trop de sévérité.

Quand Jean-Charles et Victor furent sortis, le père et la mère Lormier échangèrent un triste et long regard.

Le père prit le premier la parole :

— Quelle leçon le bon Dieu nous donne tous les jours dans la conduite si différente de nos deux garçons ! Jean-Charles. — toujours méconnu et sacrifié, — n’a eu pour nous que de la tendresse et du respect, tandis que Victor, — sans cesse choyé et préféré, — ne nous a témoigné que de l’ingratitude !

— Hélas ! soupira la mère Lormier, nous avons peut-être gâté Victor en le choyant trop…

C’est justement ce que me disait l’autre jour le curé de Saint-Denis, reprit le père Lormier.

Comment, ! tu as osé te plaindre de Victor au curé de Saint-Dénis !…

— Non. Sans mentionner le nom de notre fils, je plaignais les familles qui ont dans leur sein des enfants gâtés, et ma remarque a inspiré au prêtre les réflexions suivantes :

« L’enfant gâté devient souvent un être paresseux, ingrat, orgueilleux et méchant. Il