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ne peut en être autrement, puisque ses parents, sans le vouloir, flattent ses passions et ses vices… Ils prennent ses mauvaises actions pour des espiègleries et ses vices pour des caprices passagers… Le cher enfant ! disent-ils, parfois, il est trop jeune pour comprendre qu’il fait mal ; l’âge et la raison lui feront bien discerner plus tard le bien du mal ! Et l’enfant marche, s’avance, s’enfonce dans cette voie tortueuse qui le mène, où ? à l’inévitable perdition… Habitué, dès l’enfance, à agir selon ses caprices et sa volonté, il se moque bientôt des conseils de ses parents et il n’écoute que la voix de ses passions ! »

— Mais, interrompit la mère Lormier, Victor, heureusement, ne ressemble pas à l’enfant que tu viens de peindre !

— Au contraire, je trouve entre les deux bien des traits de ressemblance ! Et c’est notre œuvre… Nous sommes d’autant plus à blâmer, ajouta le père Lormier, que nous connaissions, par les sermons de M. l’abbé Faguy, les devoirs des parents envers les enfants ; et d’autant plus à plaindre que nous avions la légitime ambition de donner à la société des enfants modèles…

La mère Lormier ne répondit pas.

— Mieux vaut tard que jamais, s’écria énergiquement le père Lormier, en se levant de table ; je vais, dès ce jour, recommencer l’édu-