Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/106

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Ils eurent dans la semaine deux autres rendez-vous où rien de grave ne se passa. Ils burent des grogs au café, ils se regardèrent. Velard lui baisa la main en la quittant. Il n’osait pas lui demander des faveurs plus concluantes, trouvant à cette situation, pour lui si nouvelle, un charme étrange et délicat. Ils fixèrent encore des rendez-vous à la semaine suivante.

L’heure était commode pour Emma. En général, elle ne savait pas à quoi s’occuper l’après-midi, de quatre à six, et s’ennuyait. Farjolle ne rentrait jamais avant dîner et, d’ailleurs, il n’avait pas la manie de l’interroger sur l’emploi de son temps. Il lui parlait de ses affaires à lui.

Pas une fois il ne se posa cette question : « Est-elle capable de me tromper ? » Il sentait d’instinct que sa vie n’était pas menacée de ce côté-là. Autour de lui, dans le monde qu’il fréquentait, il voyait la plupart des hommes et des femmes se tromper réciproquement sans qu’il en résultât des catastrophes. « À Paris, songeait- il, ces choses-là ne comptent plus dans l’existence. »

Pour Emma, ses rendez-vous avec Velard, au café, ne constituaient pas un acte anormal dans un ménage régulier. Elle ne se montrait envers son mari ni moins attentive ni moins bonne conseillère. Souvent elle pensait à Farjolle, au bras de Velard ; rarement à Velard, dès qu’elle entrait dans son appartement soigné et convenable.

Velard était, pour le moment, un but de promenade, une distraction au dehors. Elle allait, auparavant, dans l’après-midi, lorsque les travaux d’intérieur le lui permettaient, visiter les rayons d’un magasin de nouveau-