Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/148

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Ce qui l’agaçait, c’est que Farjolle avait pour Letourneur une admiration sans bornes et parlait fréquemment de lui à Emma.

— Letourneur est un bandit, s’écriait Velard, qui a volé tout le monde.

Farjolle répondait :

— Il vaut mieux voler tout le monde que de ne voler que quelques personnes. Aujourd’hui la fortune de Letourneur n’est plus attaquable ; elle est au-dessus des accidents. Moussac gagne deux cent mille francs par an rien qu’à faire la publicité de ses émissions.

Letourneur donna une poignée de main à Farjolle, s’inclina galamment devant Emma et se perdit dans la foule. Velard se rapprocha :

— Est-il toujours aussi mal élevé, le grand banquier ? demanda-t-il.

— Je ne sais pas, mon cher, où vous prenez que Letourneur est mal élevé, dit Farjolle. Il est charmant avec moi et, avec Emma, d’une courtoisie parfaite.

— C’est un malotru, reprit Velard.

— Pas avec nous, je vous assure. Vous avez des préventions contre lui, n’en parlons plus. Il faut que j’aille dire un mot à Griffith ; ayez l’amabilité de faire un tour avec ma femme.

Farjolle s’éloignait à peine que Velard, d’une voix basse, murmura :

— Emma, je t’en prie…

Elle tressauta.

— Mais vous êtes fou, positivement fou… Comment ? vous me tutoyez ? ici ?

Il s’excusa :

— J’ai parlé si bas…