Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/158

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la Maison Verte ; elle appartenait à un peintre qui, ayant été décoré au dernier Salon, devait passer l’été dans des villes d’eaux. Le propriétaire la louait toute meublée. Il y avait, en bas, la cuisine, la salle à manger et une autre petite pièce ; en haut, trois chambres et l’atelier, éclairé par une large baie d’où l’on apercevait la Seine. Le jardin s’étendait jusqu’aux bords du fleuve et contenait un verger, un potager et une tonnelle sous laquelle on pouvait déjeuner. Farjolle déclara que le paysage était beau. En leur montrant la tonnelle, le jardinier leur dit :

— Monsieur l’a mise dans le tableau qui lui a valu la croix de la Légion d’honneur.

Il insista sur les légumes.

— Il y en a pour toute la saison. Monsieur n’en achetait jamais à la ville.

— Ce sera une rude économie, fit observer Farjolle à sa femme.

Emma admira un grand carré de salades. La vue d’un cerisier où plusieurs cerises commençaient à mûrir, les décida. Farjolle accepta le prix : quinze cents francs pour la saison. De plus, les gages du jardinier qu’ils gardèrent à leur service.

— Voici l’adresse de Monsieur, à Paris.

— J’irai le voir demain et nous emménagerons dans huit jours.

Ils visitèrent encore la maison, puis descendirent le jardin jusqu’à la Seine. Au bout de l’allée un ponton servait à amarrer deux canots, compris dans la location, un gros, ventru et court, où l’on était très à son aise, et un plus mince pour la course.

Farjolle n’osa pas monter avec Emma dans celui-ci,