Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/181

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— Aux Champs-Élysées, dit-il au cocher.

Il descendit au rond-point et longea l’avenue Montaigne jusqu’à un petit café situé juste vis-à-vis de la rue Clément-Marot. Il s’assit dans un coin de l’établissement, se fit servir un bock. À travers le rideau qui tombait sur la vitre, il apercevait la maison de Velard.

« Je resterai ici à perdre mon temps comme un imbécile. Mais si je ne vois rien d’ici à cinq heures, ce sera une affaire enterrée, et je n’y penserai plus jamais, jamais. »

Son bock terminé, il but un verre de cognac. Une heure se passa. Farjolle, se dissimulant le plus possible derrière le rideau, examinait toutes les voitures qui défilaient. Peu tournaient la rue Clément-Marot. Deux s’avancèrent par le bout de la rue, du côté opposé à l’avenue Montaigne : une victoria élégante avec un cocher en livrée, et un fiacre. Dans le fiacre une dame tenait une ombrelle blanche, Farjolle eut un battement de cœur.

— Suis-je bête ! Emma a une ombrelle rouge. D’ailleurs, elle n’aurait pas pris une voiture découverte. Il est vrai qu’il n’y en a pas d’autres dans cette saison…

Le fiacre ne s’arrêta pas, en effet, devant la maison de Velard. Quand il passa près du café, Farjolle regarda la dame. Elle ne ressemblait même pas à Emma, d’une façon vague.

Il ressentit un grand soulagement. Trois heures sonnèrent.

« J’ai envie de m’en aller, se dit Farjolle. Je commence à croire que j’ai fait une gaffe de poser dans cet établissement. Quel sale cognac ! »