Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/216

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— Oh ! très peu… quelques mille francs… répondit Farjolle évasivement.

Il ne lui parut pas nécessaire d’avouer qu’il faisait sur les valeurs de la Banque Marocaine une différence de quarante-cinq mille francs environ, et le règlement avait lieu le lendemain. Avant tout il importait de payer. Cette fois-ci, la leçon n’était pas seulement rude, elle était cruelle. Quarante-cinq mille francs à trouver en quelques heures !

Farjolle ne se désespéra pas, et se montra, au contraire, très énergique en cette circonstance. L’important était de conserver son crédit, de ne pas faire un pouf ridicule pour quelques billets de mille, de garder son attitude d’homme correct dans les affaires. Il avait dans sa caisse les titres de rente du commandant Baret, qui lui parurent tout désignés pour le tirer de ce léger embarras. La confiance du commandant était absolue. Il ne réclamerait pas ses fonds avant longtemps, pourvu que Farjolle lui en servît le revenu.

— Ce brave commandant ! il me rend un fier service sans s’en douter.

Il prit les titres et en vendit pour cinquante mille francs immédiatement. Il paya sa différence à dix heures du matin chez le coulissier de Verugna et éprouva un sentiment d’orgueil en accomplissant cette action si essentiellement honorable. Il déjeuna même avec le coulissier, Stirman, dans un restaurant de la place de la Bourse et se plaignit de la faiblesse du marché.

— Je vais m’arrêter un peu. Voici une soixantaine de mille francs que je perds en deux mois… Il faut être raisonnable.

Dans l’après-midi il alla au cercle. Instinctivement il