Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/217

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chercha des yeux le commandant Baret. Il l’aperçut dans le coin d’un salon en train de faire une partie de bésigue. Le commandant lui serra la main avec vigueur.

— Bonjour, Farjolle. Vous voyez comme je suis devenu sage, hein ? Plus de baccarat : un simple petit bézigue japonais à cinq francs le mille. Je crois que je suis bien guéri du jeu.

Farjolle ressentit un grand soulagement.

— Quand je pense, continua le commandant tout en marquant ses points, que sans Brasier et sans vous, j’étais flambé, j’étais convaincu de l’infaillibilité du système de d’Alembert.

D’un air plein d’autorité, Farjolle affirma :

— C’est un des plus mauvais systèmes que je connaisse.

— Ne dites pas cela, Farjolle. Ce n’est pas un des plus mauvais, c’est un des plus difficiles à jouer. Il exige une volonté de fer, un sang-froid que je n’ai pas. Si je m’en étais tenu, depuis dix ans, au système de d’Alembert, je n’aurais pas perdu ce que j’ai perdu. Enfin, c’est fini, bien fini. Je-ne-tou-che-rai-plus-une-carte !

Le partenaire du commandant haussa les épaules.

— Vous ne me croyez pas ?

— Non.

Le commandant perdit dix mille points.

— Encore cinquante francs de fichus ! J’ai autant de guigne au bésigue qu’au baccarat.

Et il s’éloigna, en grognant.

Farjolle rassuré, cacha à sa femme les événements de la journée. « Ce n’est pas la peine de lui dire que j’ai eu recours à l’argent du commandant. Elle n’entend