Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/244

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Il se promena de long en large, son pardessus déboutonné. Sa pensée se porta vers Emma : « Je lui écrirai en sortant de chez le juge d’instruction. » Il avait bien fait, de tout lui avouer ; dans ces circonstances-là, il faut être franc, on s’évite ainsi des tracas et des surprises désagréables. En attendant la solution définitive, il valait certainement mieux qu’Emma sût à quoi s’en tenir. Au fond, l’ennui était pour lui seul.

Farjolle songea :

— L’arrestation sera dans les journaux du soir. Ils vont s’en payer au cercle.

Loin de l’émouvoir, cette idée lui procura un soulagement. Il se représenta les discours de Brasier, le commandant s’écriant : « C’est bien fait ; quel filou, ce Farjolle ! » les potins des camarades. Il sourit.

— Sont-ils bêtes, tous ces gens-là !

Farjolle pouvait se vanter d’une chose ; il se fichait carrément de leur opinion.

— Oh ! là là, l’opinion de Brasier, du commandant !… Ce serait malheureux de se tracasser pour si peu…

En se rappelant le motif de son arrestation, il la trouva imméritée. Étant donné sa situation, ses antécédents, c’était maladroit de la part du parquet d’avoir agi si brutalement. On l’avait pris pour un filou vulgaire, pour un Selim, pour un Bachelard, volant leurs clients sans vergogne.

— Il n’est pas possible que le juge d’instruction ne s’aperçoive pas de la différence.

Aussi, en présence de ce magistrat, il n’allait pas finasser, se perdre dans des subtilités. Il raconterait son histoire simplement, comme un homme qui a com-