Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/248

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la plume penchée sur une feuille de papier blanc.

Farjolle, décidé aux aveux les plus complets, n’éprouva aucune émotion en sa présence.

— Vous avez été arrêté sur la plainte de M. Isidore Baret. Vous connaissez M. Isidore Baret ?

— Beaucoup, répondit Farjolle. Nous sommes du même cercle.

— Vous êtes dans les affaires, continua le juge d’instruction, moitié agent de publicité, moitié boursier. Vous avez fondé un journal, la Bourse indépendante, dont le but était d’extorquer de l’argent à des clients sous le prétexte fallacieux d’opérations de Bourse… La suite de l’instruction nous apportera des détails que nous n’avons pas encore. M. Isidore Baret, ancien militaire, décoré de la Légion d’honneur, vous a confié des fonds, comme le prouve ce reçu de vous qui est en règle… Ces fonds, vous n’avez pu les restituer, car vous les avez perdus à la Bourse. Voici le relevé de votre compte chez votre coulissier, M. Stirman, rue Vivienne. Vous reconnaissez que ces faits sont exacts ?

Farjolle répondit doucement :

— À peu près.

— Ah ! fit le juge.

— Je dis à peu près, continua Farjolle, car je n’ai pas perdu tout l’argent du commandant ; je n’en ai perdu qu’une partie. On trouvera le reste, soit trente mille francs, en rentes sur l’État, dans ma caisse.

— Nous verrons bien.

— Aucun de mes clients de Paris ni de province n’a jamais eu à se plaindre de moi, et je n’ai jamais joué avec leur argent, comme Selim, par exemple.

— Votre cas est pourtant identique à celui de Selim,