Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/266

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— Oui, mon cher, le commandant et moi connaissions cette nouvelle depuis huit jours. Si nous ne l’avons pas dit, c’est que nous sommes des gens discrets, n’est-ce pas, commandant ?

— Discrets, toujours, fit le commandant visiblement ému.

— Mais puisqu’il a été arrêté ce matin !

— Il a été arrêté ce matin, fit Brasier, sur une plainte qu’a déposée contre lui le commandant, il y a une semaine environ.

Le commandant se vit tout de suite très entouré et raconta la pénible histoire du système de d’Alembert, avec une mine déconfite.

Il fut vivement félicité pour son énergie, mais il n’en tira pas vanité. Au contraire, il se contenta de dire :

— Il est bien dur pour un ancien militaire qui a joué toute sa vie au baccarat, d’être obligé de cesser, à mon âge.

La conduite de Brasier à l’égard d’un camarade tombé dans le malheur était correcte. Tandis qu’au cercle on commençait à considérer Farjolle comme un simple escroc, lui, le défendait.

— Avec la confiance que Farjolle inspirait à tous ses clients, il aurait pu faire un pouf vingt fois plus considérable. Je trouve même qu’il a été relativement honnête dans cette circonstance…

— Oh ! ce Brasier !

— Je ne dis pas qu’il ait commis une action d’éclat. Mais, enfin, nous serrons tous les jours la main à des gens qui ont fait cent fois pis et qui sont encore en liberté. Je ne veux nommer personne.

Immédiatement, on cita plusieurs noms autour de lui.