Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/268

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mille francs pour le tirer d’embarras, ma parole d’honneur, je les lui prêterai peut-être.

— Tu es une grande âme, Verugna…

Verugna eut un accès de gaieté sincère et bruyante.

— Farjolle, retour de Mazas, sera étonnant, et je crois qu’il m’amusera beaucoup… Ah ! ah ! ce pauvre Farjolle ! Et sa femme, qu’est-ce qu’elle devient ?

— Je ne suis jamais inquiet pour les femmes, déclara Brasier sentencieusement.

— Maintenant, continua Verugna, tu vas m’aider dans un travail délicat. Il s’agit d’annoncer l’arrestation de Farjolle dans l’Informé d’une façon convenable. Je compte sur ton tact.

Il s’assit à son bureau.

— Rédigeons la note à nous deux.

À ce moment, Moussac entra dans le cabinet de Verugna et on le pria de collaborer. Moussac n’avait pas, au sujet de l’arrestation de Farjolle, les idées légères et sympathiques de ses amis. Il approuva le parquet en tous points.

— Je trouve qu’on n’est même pas assez sévère… On devrait traiter ces gens-là comme des bandits

— Moi, objecta Brasier, je suis pour l’indulgence.

— Parce que vous n’êtes pas dans les affaires. Il faut qu’un homme d’affaires n’ait rien à se reprocher.

— Bien, Moussac ; bien, voilà qui est parlé, dit Verugna. Attention, j’écris… Vous me reprendrez.

Verugna n’avait pas de prétentions littéraires et n’écrivait jamais une ligne dans son journal. Il jugeait les articles sévèrement et les déclarait souvent idiots. Pourtant il rédigeait les réclames avec un certain goût.