Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/27

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leurs noms soient dans les journaux ou sur les murs ? quel intérêt ?…

— Quel intérêt ? ma pauvre enfant, tu n’es pas assez au courant pour te rendre compte de ces choses-là… Sans la réclame, la publicité, personne ne vivrait plus maintenant. Il n’y a qu’à en profiter.

Elle restait interdite sous le mystère de ce métier bizarre et sentait confusément que Farjolle avait raison.

Ils ne se quittèrent presque plus et combinèrent des projets pour l’avenir. Emma négligeait la blanchisserie, ce qui inspira à Joséphine cette réflexion : « La patronne se dérange. » Ses soupçons s’aggravèrent lorsque la patronne l’envoya en tournée chez les clients, réclamer les notes et réaliser. Enfin, Emma avoua ses nouvelles dispositions. Décidément elle lâchait la blanchisserie et le commerce ; elle avait trouvé un acquéreur.

— Oui, ma petite Joséphine, je me marie…

Joséphine et les autres ouvrières furent subitement émues par la gravité de ce mot.

— Vous vous mariez sérieusement ?

— À la mairie et à l’église ; je deviens Mme Farjolle. Le mariage avait été décidé entre eux, très rapidement. Au fait, pourquoi se « coller » et se priver des avantages d’une situation régulière ? Ça résolvait aussi la question d’argent qui aurai fini par se compliquer. Le passé d’Emma et le passé de Farjolle se valaient et l’indulgence réciproque pour les petits accidents de l’existence n’est-ce pas ce qu’il y a de plus commode en ménage ? Et puis, qui le saurait ? Farjolle n’était rien, et personne n’avait intérêt à connaître sa vie. D’ailleurs ils allaient s’installer dans un autre quartier.