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Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/26

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soir, Farjolle lui tendit cinquante francs, empruntés au cercle, en lui disant :

— C’est tout ce que j’ai pu trouver. J’aurai le reste demain.

Elle refusa de les prendre et il consentit à les garder. Les jours suivants, ils eurent des conversations sérieuses. Elle l’interrogea sur son métier et lui demanda en quoi il consistait.

— La publicité, en quoi ça consiste ? Hum ! ce n’est pas commode à t’expliquer. On fait un peu de tout… Il lui montra la quatrième page d’un journal qu’il avait dans sa poche.

— Regarde là : Bretelles écossaises, les seules qui ne rétrécissent pas. C’est moi qui ai levé cette affaire-là, ça me rapporte cent cinquante francs par mois. Mais c’est une bagatelle : on peut gagner énormément d’argent.

— Il y a de l’avenir alors ? fit-elle.

— Je connais des gens qui gagnent deux cent mille francs par an les bonnes années… Un tas d’affaires autour… C’est le meilleur métier aujourd’hui… Fichus, les autres ! Seulement il faut de la chance, des relations. Ça viendra…

— Deux cent mille francs par an ! C’est trop, mon chéri. On serait si heureux avec dix ou douze mille, vingt mille au plus.

— Vingt mille ! le petit Velard, que je vois au cercle et qui a vingt-cinq ans, les gagne les vingt mille, et il commence à peine… Ah ! on va vite, mais les débuts sont joliment durs quand on n’a pas de relations.

Emma voulait des détails. Comment des négociants, des industriels, dépensaient-ils tant d’argent pour que