Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/274

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fit quelques pas dans son cabinet : Emma, plus intriguée qu’inquiète, le suivait des yeux. Elle avait une main dans son manchon et de l’autre tenait son parapluie appuyé sur le bout de sa bottine.

— Laissez-moi vous dire d’abord que vous êtes charmante, tout à fait charmante… Quant à Farjolle, c’est un brave garçon pour lequel j’ai beaucoup de sympathie ; et ce n’est pas parce qu’il a commis une bêtise que je l’abandonnerai.

Emma se leva, émue, et se rapprochant de Letourneur…

— Vrai, bien vrai ? M. Moussac prétend qu’il est perdu.

— Moussac a tort. Dans ce genre d’accident, on n’est jamais perdu quand on peut rembourser. J’ai fait la fortune de Moussac qui m’a empêché d’être éclaboussé par un omnibus, ce qui vous prouve que je ne suis pas ingrat. Farjolle ne m’a rendu aucun service, mais son caractère me plaît… et vous, Madame, je vous trouve charmante et extrêmement intéressante.

Il la conduisit sur le canapé et la força de s’asseoir. Il s’assit à son côté.

— Oui, extrêmement intéressante, je vous le répète, cent fois supérieure aux femmes et aux maîtresses de ces messieurs qui appartiennent un peu à tout le monde… Vous, on sait que vous aimez votre mari et que vous avez horreur de la noce…

— Oh ! c’est le mot, horreur ! Je ne serais heureuse qu’à la campagne… comme cet été, ajouta-t-elle avec un petit soupir qui lui mouilla les yeux.

— Ne pleurez pas, Madame, et surtout ne vous croyez pas perdue à jamais : Moussac est un niais de