Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/273

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de nouveaux ennuis. » Et puis, si Letourneur s’adressait à elle, à une femme, ce n’était pas pour des questions d’affaires. L’intervention de Letourneur ne pouvait donc amener que de bons résultats.

Elle s’habilla tout en noir. Les toilettes simples et uniformes lui seyaient le mieux : le noir en hiver, le clair en été. En toilette de soirée, elle était moins jolie, moins personnelle que sous ses costumes de ville, lorsque, dans la rue, elle marchait d’un pas solide et régulier, le regard calme, ni élégante ni vulgaire. Depuis deux jours, ses yeux entourés de bistre paraissaient plus luisants.

Letourneur la reçut dans son cabinet, une pièce haute et vaste, dont les quatre fenêtres s’ouvraient sur de grands jardins silencieux. À travers les rideaux on apercevait les branches nues des arbres. Un couloir, couvert de tapis épais, séparait Letourneur des bureaux de la banque et l’isolait dans son travail.

Le banquier s’avança au-devant d’Emma. Un peu gros, de taille moyenne, vêtu d’une façon quelconque, avec une chemise à col bas, à cause de son cou très court, il avait dans l’attitude un aplomb tranquille. Sa figure se résumait en une forte moustache grise et des yeux clairs. Le sommet de son crâne était chauve.

— Je vous remercie, Madame, d’être venue… Asseyez-vous donc… Vous n’êtes pas pressée ?

Emma, intimidée, répondit :

— Non, Monsieur, je vous écoute.

— J’ai beaucoup de choses à vous dire, continua Letourneur, beaucoup de choses, et je ne sais pas par où commencer…

Il souriait, regardant Emma, debout devant elle. Il