Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/305

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Le commandant déclara :

— La Justice est décidément bien mal organisée dans notre pays.

Et il cita des nations où il supposait qu’on lui aurait rendu son argent immédiatement.

À partir de ce jour, il ne cessa de proclamer la loyauté et la bonne foi de Farjolle.

On chercha où celui-ci avait bien pu se procurer une pareille somme, et l’on fit des suppositions invraisemblables.

Verugna dit à Brasier :

— Je les lui aurais prêtés, moi, les cinquante mille, s’il ne les avait pas trouvés… Mais où diable les a-t-il trouvés ?

— Ah ! voilà… Nous ne le saurons jamais…

— Enfin, à ton avis, qui ça peut-être ?

Brasier dédaigneusement, répondit :

— Tu n’es qu’une brute ! Je te répète que tu ne le sauras jamais, ni moi non plus. Quand il y a une femme dans une affaire, on ne sait jamais rien. D’ailleurs, je m’en fiche…

Débarrassée de Velard, Emma avait mis une grande régularité dans son existence nouvelle. Le dimanche, elle allait voir Farjolle à Mazas, lui apportait des douceurs, des cigares, du linge. Une fois par semaine, elle se rendait chez Jacques Vernot pour être au courant des phases de la procédure ; le mardi et le vendredi elle dînait avec Letourneur dans l’hôtel de la rue de Monceau. Elle y arrivait à cinq heures précises, en sortait à neuf. Letourneur s’ingéniait à trouver des attentions délicates, lui faisait chaque fois cadeau de quelque bibelot. Au bout de cinq ou six rendez-vous, Emma put