Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/36

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Et, suivant le penchant naturel de son esprit, il ajouta :

— Il doit être en train de terminer quelque canaillerie.

— Oh ! fit Farjolle.

Les autres sourirent, prêts à approuver.

— Je ne peux expliquer son retard que comme ça, car il est très régulier, continua-t-il de sa voix brève et méchante. Étonnant, ce gamin ! levé à huit heures du matin ; à l’heure du déjeuner, il a déjà f… dix personnes dedans ! Ça ne traîne pas avec lui. Je l’aime beaucoup, mais quelle fripouille !

C’était le mot favori de Brasier et il l’appliquait à peu près à tout le monde.

— Auriez-vous une affaire avec lui, Farjolle ? Dans ce cas, vous êtes flambé. D’ailleurs vous êtes marié maintenant, vous n’avez plus aucune défense…

Farjolle protesta.

— Allons donc, mon cher. Ça saute aux yeux : vous n’êtes pas de force avec Velard. Il ira loin, ce gosse ! Indélicat, cynique et d’une fripouillerie.

Il y eut, soudain, un silence. Brasier, étonné, leva les yeux, et vit Paul Velard très pâle, à un pas de lui. Il avait certainement entendu la dernière phrase, prononcée à haute voix. Les convives cessèrent de manger : un garçon qui passait un plat s’arrêta, curieux.

Brasier retroussa tranquillement sa moustache et attendit, tandis que Velard, tout décontenancé, songeait : « Il y a vraiment des situations stupides. Qu’est-ce que ça peut me faire qu’on m’appelle canaille ? » Il fut tiré d’embarras par Farjolle qui lui tendit la main.

— Comment allez-vous, mon cher ? Justement, je vous cherchais.