Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/46

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— Tu crois ? Vous connaissez Léa, n’est-ce pas, ma chère ?

Emma répondit, d’un air négligent :

— Non.

— Non ? C’est étonnant. Vous êtes la seule. Il n’y a pas longtemps que vous vous amusez alors ?

— Je ne m’amuse pas beaucoup, dit Emma, et nous ne sortons guère.

— Un vrai collage, quoi ! s’écria Jeanne d’Estrelle, éclatant de rire.

Farjolle fit un geste. Emma sentit qu’il allait se lancer dans des histoires, un tas de détails oiseux ; au milieu d’un dîner, en cabinet particulier, ce n’était guère le moment. Elle l’arrêta d’un regard qui voulait dire : « N’embêtons pas ces gens-là, avec nos affaires de ménage. » Et elle éclata de rire, comme Jeanne.

On déboucha une bouteille de champagne. Jeanne tendit son verre, trempa son nez dans la mousse, et, tout à coup, sans raison, dévisageant Emma :

— Vous ne savez pas ce que vous devriez faire, vous ? Vous devriez vous teindre les cheveux en blond ! Ça vous irait parfaitement bien… Ma parole, avec vos yeux noirs, vous seriez épatante…

— Ça, c’est drôle, dit Farjolle.

Tout le monde se mit à rire, surtout Paul Velard, car il était amoureux de sa maîtresse, à cause de la réputation universelle d’esprit qu’elle avait.

— Bonne idée, Madame, la mode n’est plus aux brunes.

— D’autant plus, ajouta Jeanne, qui se leva de table et passa sa main sur la tête d’Emma, d’autant plus que vous avez des cheveux superbes ma chère… Vous,