Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/45

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der en enlevant son chapeau devant la glace. Les deux jeunes gens étalèrent le journal sur la table et se penchèrent pour lire le procès-verbal imprimé, parmi les échos de Paris.

« On nous communique le procès-verbal suivant… »

— Parfait ! dit Velard, on ne peut mieux rédigé, décidément. Plus je le relis… Le commandant a un chic pour ces choses-là !

Le commandant, par modestie, déclara que c’était très facile, « une tournure de phrase à prendre, seulement ». Puis il ajouta :

— C’est autrement délicat de rédiger un menu. Supérieur, le vôtre, mon cher. J’ai jeté un coup d’œil… Il n’y a à changer que le clos-vougeot en chambertin. Le chambertin, ici, est le meilleur vin de la cave.

Pendant le repas qui dura jusqu’à onze heures du soir, le commandant raconta des histoires de duels où il avait servi de témoin, le fameux de l’an dernier, une balle dans le flanc… pan ! Un de ses favoris, celui-là.

Après le potage, Jeanne d’Estrelle et Emma causaient familièrement. Jeanne, les cheveux blonds ébouriffés, gesticulait et éclatait de rire presque à chaque mot. Elle était célèbre par sa gaieté et son entrain dans le monde de la fête : aussi on l’invitait à toutes les parties de plaisir afin de ne pas s’ennuyer.

— Hier, ma chère, figurez-vous, je me suis couchée à six heures du matin. Paul était éreinté… Oh ! il est solide pourtant… On a joué au poker toute la nuit : cette Léa est si joueuse ! Dès qu’on arrive chez elle, il faut cartonner. Je ne me rappelle plus si j’ai gagné ou perdu…

— Tu as perdu, j’en suis sûr, affirma Paul.