Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/59

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— Oui, il me semble… en effet.

— Oh ! mais rassurez-vous, monsieur Farjolle, je suis bonne fille et je ne dirai rien à Verugna…

— Je ne m’en cache pas, dit Farjolle.

— Je serais si contente de la revoir, Madame.

— Venez à la maison, ça nous fera plaisir. Il lui donna son adresse.

— J’ai connu Verugna à l’Élysée-Montmartre, ajouta Joséphine, et il y a un mois que nous sommes ensemble.

Verugna revint.

— Dépêchons-nous de dîner. Tu vas rater le commencement de la féerie.

— Je m’en fiche de la féerie, déclara Joséphine. Je suis très contente, ce soir, et je veux bien dîner d’abord. Je verrai le commencement une autre fois.

Ils montèrent tous les trois dans le coupé et Joséphine s’assit sur les genoux de son amant. Pendant le trajet, Farjolle réfléchit :

« Prévenir Emma par un commissionnaire qu’il ne rentrerait que très tard… Hum ! il faudrait faire arrêter le coupé, déranger Verugna. Mauvais ! Emma ne serait pas inquiète : elle comprendrait qu’il était arrivé quelque chose d’important. Car enfin, c’était important pour lui, excessivement important. Qui lui aurait dit ce matin qu’il dînerait avec Verugna ? Quelle veine ! Quand Emma saurait ça !… »

Ils descendirent devant un restaurant célèbre du quartier du Châtelet, sur les quais. Verugna leur offrit un dîner luxueux, car ce fut Joséphine qui le commanda et elle choisit les vins les plus coûteux de la carte, sans se soucier aucunement de leurs crus. En fait de plats, elle