Page:Capus – Qui perd gagne.djvu/60

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demanda ce qu’il y avait de plus compliqué ; Verugna l’excitait dans ce débordement de gourmandise et Farjolle manifestait une grande admiration d’une telle magnificence.

— Vous n’avez jamais dîné ici, Farjolle !

— Jamais. Je ne suis pas allé dix fois dans ma vie dans des restaurants chics. Dame ! vous savez, c’est bigrement cher.

Il reprit d’un vin qui coûtait vingt francs la bouteille, et Verugna, enchanté, en fit venir un autre, encore plus cher. Lui, buvait très peu, ayant l’estomac affaibli.

— Vous arriverez à vous tirer d’affaire, vous aussi. Il ne s’agit que de guetter l’occasion. Voyez Moussac, une de vos gloires…

— Moussac, de chez Letourneur, le banquier… Eh bien ?

— Vous ne savez pas la cause de la fortune de Moussac ?

— Non.

— Ah ! ça, mais vous ignorez l’histoire de France, mon cher !… Moussac, il y a trois ans, était plus décavé que vous, il mourait de faim, positivement ; il ne gagnait pas cent francs par mois à des métiers fantastiques… il m’a tapé de cent sous je ne sais combien de fois… Un beau jour, sur le boulevard, il voit un monsieur qui allait être renversé par un omnibus. Il était tout près du monsieur, il le prend par le bras et l’écarte, sans courir le moindre danger. Le monsieur avait eu une peur horrible. Il appelle Moussac son sauveur, et lui donne sa carte. C’était Letourneur, le banquier, tout bonnement. Le lendemain, Moussac va